Quand tout à coup le rejet
À mon âme porte un coup,
Mon cœur tendre en fait les frais,
Et en moi naît le dégoût.

Je ne vois pire misère
Que celle d'être tout seul,
En se faisant cette guerre
Qui rend fou, mène au linceul.

Car je m'exprimais en vain
Devant cette porte noire,
Et les minces séraphins
Ne m'apportaient nul espoir.

Même si je ne suis point
Ce qui cause ce mépris,
Le sentiment de dédain
Reste fort et me poursuit.

Ce qui me fait le plus peur
Dans ce poème indomptable,
Est que naissent dans mon cœur
Des sentiments ineffables.

Et me suis-je abandonné
À ces sensations nouvelles
Par pur égoïsme inné
Ou parce que tu es celle

Qui anime tous mes rêves,
Qui me garde éveillé,
Qui ne me laisse de trêve
Qu'une fois inanimé ?

Mais que dis-je ? Suis-je fou ?
Là, je me laisse emporter !
Ce mot là est un tabou
Pour ma bouche délaissée.

Présenterai-je une offrande
(Tel un futile anathème),
Pendant, comme une guirlande
Qui servirait de blasphème ?

Ou resterai-je muet,
Ne sachant quel parti prendre ?
Attendrai-je mon décès,
Pour ne pas devoir t'attendre ?

Comme les dieux de jadis
Punirai-je l'envoyé ?
Qui du plus pur blanc du lys
Deviendrait noir, rejeté,

Pour avoir osé m'astreindre,
M'enchaîner au sol indu,
Ce qui signifie m'éteindre
Me livrer à l'absolu...