Frozen Pizza

Te souviens-tu du tout début?
De nos deux corps enlacés, nus
Et ces doux frissons de désir
Qui nous venaient sans prévenir?

Te souviens-tu des moments doux
Où plus rien n'était un tabou
Et toutes les extravagances
Qui avaient lieu dans le silence?

Te souviens-tu de la passion?
Nos corps ondulant d'émotion?
Ce moment de folle inconscience
Que d'aucuns nomment jouissance?

Ma langue s'égarait souvent
À des endroits ma foi charmants,
Et tes courbes acceptaient ma bouche
Sans jamais que tu t'effarouches.

Toi même était toute fébrile,
Attendant, offerte, fragile,
Que je me love entre tes cuisses,
T'abandonnant à ces délices.

Qu'est-il advenu de tout ça?
Où est passé l'amour ingrat
Qui, après tant de concessions,
A changé de destination?

Ma bouche n'est plus bienvenue
Les rares fois où tu es nue.
Même mon corps entier parfois
Semble persona non grata.

Nicolas da Luz Duque

Je suis là, misérable, à méditer mon sort,
Entouré de spectres ne se doutant de rien.
Lentement sur moi se referme le décor
Qui sera mon tombeau, mon linceul de chagrin.

Cette étoffe m'étouffe et enlève à mon âme
L'air dont elle a besoin, ainsi que tout l'espace
Nécessaire à préserver sa brûlante flamme,
Déployer ses ailes, même un instant fugace.

Dans ce sombre tombeau doucement je m'abîme
Tel une pierre posée par un géant
Qui, sous l'ordre arrêté par le dieu magnanime,
S'écroule en nous offrant un spectacle navrant.

Car la quête de l'amour est une escalade
Pire encore que celle du mont où les dieux
Me regardant peiner dans ma vaine bravade
Se moquent de ma peine et refusent mes voeux.

Nicolas da Luz Duque